Cadeaux !

Tout nous est offert !

Tout nous est offert : l’eau, l’air, la nourriture, la vie.

Dans une boulimie effrénée, nous ingurgitons, sans l’ombre d’un remerciement, de reconnaissance, ou si peu.

Nous absorbons, nous prenons, nous exigeons, encore et encore plus. De tout, à toutes les saisons.

Des courgettes, des fraises, de la salade en décembre.

Des oranges au Nord, des glaçons au Sud.

Sans considération pour les cycles de la Nature, nous enjoignons, nous trépignons : encore ! encore plus ! et moins cher s’il vous plaît !

Nous nous indignons, nous râlons : poules en batterie ! Maltraitance animale ! Conditions sanitaires à pleurer ! Pollution ! Pesticides ! Métaux lourds ! Nitrates ! …

Nous accusons l’autre.

Alors que le coupable n’est que notre boulimie, notre frénésie du toujours plus.

Je suis restée sans voix à l’énoncé d’une demande de clients potentiels (je tiens une torréfaction de produits les plus respectueux possible, pour qui ne me connaît pas) :

– avez-vous des capsules bio ?

– …

J’ai pris un énorme coup de poing émotionnel face à si peu de conscience.

Ma réponse est sortie, glaciale, sans considération, sans empathie, sans explication ni justification :

– Non !

A mon regard durci et au ton de ma voix, le couple a compris qu’il n’y avait pas de discussion envisageable et est reparti nimbé dans leur dignité.

En une seconde, cette requête m’a assommée de notre inconscience collective :

« Je mange bio pour préserver ma santé mais j’en ai rien à battre de polluer la planète qui me nourrit ».

Pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font !

Nous n’avons pour seul pardon que notre inconscience, notre infantilisme, notre immaturité, nos caprices de sales gosses.

Nous avalons, nous bâfrons, nous souillons l’eau que nous ingurgitons et qui nous est vitale.

Par nos urines, nous rejetons les tonnes de médicaments que nous courons chercher pour rétablir nos déséquilibres, des tonnes d’hormones qui nous assurent un plaisir sans risque de procréer.

Pauvre Nature !

Sommes-nous encore « naturel-les » ?!

Nous crions au scandale alors que c’est nous qui volons à notre perte.

Le temps est peut-être venu, pour chacun, d’arrêter d’accuser et de juger et de faire son propre mea culpa :

prendre le temps,

moins de tout,

avant de saisir réfléchir,

avant d’exiger évaluer,

avant d’engloutir remercier.

Revenir à la sagesse indienne : « quand il ne vous restera plus que les billets de banque, de quoi vous nourrirez-vous ? »

Namasté

Claudine

« Même l’eau sait nous dire je t’aime en posant sur nos lèvres le meilleur des baisers »

Dassine

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