Ce qui me construit perdure et s’amplifie … ce qui me détruit aussi.

Toute personne en phase avec ses ressentis peut en témoigner : commencez par choisir une nourriture « vivante », portez des vêtements en fibres naturelles ou ressentez le besoin quasi quotidien de vous oxygéner en pleine forêt et coupez-vous de ces petits bonheurs à priori bien innocents.*

Très vite, votre estomac se contractera à la seule ingestion d’un produit industriel, vous vous sentirez vêtu-e d’un sachet plastique dans un vêtement synthétique ou tout votre être criera son mal-être de ne pouvoir se ressourcer en pleine nature.

La question est : est-ce que mes bonnes habitudes vont tenir la route ?

Tout fumeur repenti le sait : s’il rallume une seule cigarette, c’est le paquet tout entier qui va y passer. De même pour un verre de boisson alcoolisée ou n’importe quel autre comportement addictif. Notre cerveau est ainsi programmé : si la zone « récompense » est à peine sollicitée, c’est un tsunami qui s’y engouffre.

A moins de …

A moins d’être très à l’écoute de ce que mes cellules me disent. Sans savoir que je mettais le pied sur un chemin ascensionnel, j’ai oublié les rayons des supermarchés pour les étals des maraîchers, j’ai choisi inconsciemment des vêtements de coton, je n’ai plus pris garde aux informations visuelles ou sur papier, émerveillée et toute entière absorbée par la magie des cycles de la nature : le lever du soleil, la rosée sur les brins d’herbe, une nuit étoilée, le chant d’un merle aux premières lueurs du jour, la naissance d’une pomme, la transformation d’une tomate qui vire du vert au rouge, un oeuf d’où sort un « cui-cui » un jour avant l’éclosion, toute une kyrielle d’observations plus extraordinaires les unes que les autres et qui font mes journées bien trop courtes.

Ouvrir une page de faits divers revient alors pour moi à sauter dans une piscine « d’eau morte » après un bain en rivière. Si je mange un produit industriel, mon estomac se ferme et je me tortille comme si j’avais à digérer un caillou. Une personne avec laquelle j’échangeais à ce propos m’a fait cette remarque « c’est étrange, pourtant, car deux heures après on a de nouveau faim ».

Heureux les estomacs qui engloutissent tout sans effets secondaires ?! Pas si sûre ! …

Le sentiment de satiété quand on a l’estomac plein de n’importe quoi arrive après vingt minutes. Mais ce qui nous construit de manière microscopique, les vitamines, les acides aminés, les oligoéléments (et j’en passe d’aussi importants), tout un petit peuple autre que les protéines, glucides et lipides discernables à l’œil nu, sont exempts de tous les plats préparés, surtout conditionnés par des machines ou des mains complètement stressées.

Se couper de nos ressentis nous conduit droit dans un mur à plus ou moins longue échéance.

Par respect pour ce corps merveilleux qu’il m’a été donné d’habiter, sans lequel je ne serais que pur esprit (… ou quoi d’autre à votre avis !? Néant dites-vous ?! Tss, tss, mais alors qui pense et qui rêve ? … ), je veille à son bon fonctionnement en étant très à l’écoute de ce qu’il me dit.

Pour être très attentif-ve à ses murmures et éviter qu’il ne crie pour se faire entendre, j’ai aussi à faire taire ce petit vélo qui est mon ego et qui pédale dans ma tête à toute vitesse, comme un insecte pris dans une lampe cherche une issue de secours.

Il peut sembler que l’un suffise sans l’autre : un esprit apaisé ou une nourriture saine, trois pas de course en guise de sport ou une pomme en lieu et place d’une viennoiserie, et me voilà en paix face à ma bonne conscience.

C’est sans compter sur la complexité de tout ce qui constitue mon modeste petit moi, qui s’avère en fait être un magnifique prototype dont je suis le-la micro mécanicien-ne.

Prendre le recul nécessaire pour observer l’effet d’un aliment, d’une pensée, d’une attitude, d’une information, sur mon organisme n’est peut-être pas du possible de tout un chacun, et pourtant, une seule fois suffit, un tout petit premier pas, et déjà je ne peux plus faire la sourde oreille : me voilà ami-e à vie avec moi.

Impossible de reculer sans une réaction de ce nouvel ami !

* comme si une main bienveillante nous regardait évoluer et nous remettait sur le bon chemin tout en douceur.

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