De la poule et des poussins

Une poule née d’un oeuf incubé dans une couveuse électrique ne sait plus couver. Directement, en une seule génération, elle perd l’instinct maternel.

Un poussin femelle, né sous la mère, saura parfaitement gérer la couvaison arrivé à l’âge adulte. La poule sait viscéralement retourner les œufs quotidiennement pendant vingt-et-un jours afin que ces petits soient bien formés. Dès l’éclosion, elle les protège et leur montre dans l’heure comment picorer et s’abreuver. Elle les protège de tout danger jusqu’à une autonomie complète, où elle ne s’en souciera plus, tout simplement.

Dans les années soixante-dix, les parents se sont déresponsabilisés de leur devoir d’enseignants et de modèles envers leurs chérubins.

L’enfant roi a pris place dans la société, sans repères, sans valeurs, avec son seul sens de l’observation pour mètre étalon, rejetant la plupart du temps tout ce qui s’apparente à une contrainte.

Ce maillon de la chaîne générationnelle a grandi, avec ses forces, mais surtout ses faiblesses. Le problème aurait pu ne pas empirer alors, car les anciens et leur savoir-faire étaient encore là pour « redresser la barre ».

Pour en revenir à notre poulette « mécanique », la génération « enfants-rois » a procréé à son tour sans grande difficulté, le plus ardu n’étant pas dans la conception, mais bien dans le suivi éducatif.

Amputés de structures transmises dès leur petite enfance, ces nouveaux parents ne savent plus comment éduquer leur descendance.

Et comment s’y prendre quand notre route ne comprend pratiquement aucun panneau de signalisation ? Où trouver les notions telles que : respect, empathie, solidarité, sens des responsabilités, courage, ténacité, etc. ?

Quelques anciens tentent de réintroduire ces valeurs « phares », alors que le seul mot « autorité » provoque des crises d’urticaire !

Sans retomber dans l’apprentissage à coups de bleus en tout genre, nous avons à réapprendre une ligne de conduite en résonance avec nous-mêmes.

(Re)découvrir le respect envers moi-même me permet de reprendre ma responsabilité envers ma vie. Ce que je n’accepte plus pour moi : violence, irrespect, maltraitance, je ne le tolère plus pour l’autre non plus.

Retrouver le sens des valeurs dans l’exemple de la nature reprend toute sa place : un animal tue pour se nourrir, jamais par jeu. Un animal mord par peur ou pour sa défense, jamais par plaisir.

Nous naissons tous avec un « capital bonheur » identique : le tout petit enfant, quel qu’il soit, « sourit aux anges » avant qu’il n’ait appris quoi que ce soit.

Il gigote, agite bras et jambes à la simple vue d’un visage connu penché au-dessus de lui. L’odeur de sa mère le propulse dans les plus purs délices, même seulement reconnu sur un vêtement porté par elle.

Chacun se construit selon les messages de son entourage : comme une petite éponge, le bébé s’imprègne du monde émotionnel qui l’entoure. Aucun état d’âme ne lui échappe, aucune situation, même cachée, ne le laisse indifférent.

Sa propension au bonheur, lié à sa personnalité propre de « petit prototype humain » au milieu de milliards d’individus, va influer à un « heureux caractère » ou à son opposé, avec toute une gamme intermédiaire de dièses et bémols.

Toute sa vie, sa véritable nature va dominer, de cette fameuse résilience qui en fait rêver plus d’un, à un abattement total face à l’adversité.

Il est de moins en moins délivré comme message aux jeunes parents qu’au-delà des besoins vitaux et élémentaires : amour, nourriture, propreté, respect, il y a à apprendre aux tout petits la joie de vivre.

Rien n’est vraiment mis en place dans les médias pour nous y encourager.

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