J’apprivoise mes pensées

Avant de comprendre que nos pensées sont créatrices, il y a lieu de prendre conscience de nos pensées. Tout un programme !

L’exercice n’est pas simple, car je ne me souviens pas qu’aucun de mes enseignants, parents ou professeurs, ne m’aient parlé de cette possibilité.

Certaines cours peut-être, ou lectures, auraient pu me mettre sur la voie, mais mon manque d’assiduité ne m’a pas permis de toucher la rive de cette île magique.

Quel éminent scientifique a défini cela ? : il paraît que trente mille pensées traversent notre esprit par jour. Wouahou ! Quel cinéma !

La première phase et non pas des moindres est de se poser un instant afin de se donner le temps. Le plus facile, quand on débute, est quand le monde est calme, le soir au moment du coucher, ou à l’aube quand les activités quotidiennes n’ont pas encore repris, ou dans un moment d’absolue tranquillité, quand « le bruit du dehors » nous permet d’entendre « le bruit du dedans ».

Après quelque temps de pratique, et/ou instantanément dès qu’on en a saisi l’essence (cela est propre à chacun), on parvient aisément à la conscience de ce cinéma intérieur, dans n’importe quelle circonstance, tout simplement en faisant « on » / « off » par notre seule volonté.

Pour en revenir à nos trente mille pensées, dans les états d’extrêmes émotions, inquiétude, peur, etc., ou quand on « tombe en amour », une seule pensée dominante chapeaute toutes les autres.

Qui n’a jamais eu la tête prise par une pensée lancinante et récurrente ? Dans l’amour passionnel, pour parler d’une émotion agréable, « l’autre » apparaît sans cesse sur cette toile de cinéma permanent que constitue ma pensée

Je nettoie ma salade, son visage se colle à la batavia, je change une pièce sous le capot de ma voiture, son sourire se superpose au tuyau du radiateur. Homme ou femme, l’amour a ceci de merveilleux qu’il peut facilement nous transporter auprès de l’autre en pensée, jusqu’à nous faire perdre le fil de la réalité, au point où cela devient dérangeant parfois.

Le début de l’apprentissage pour apprivoiser ses pensées ne convient pas à ces états d’extrêmes émotions. « Le cinéma » est tout entier pris par ces pensées intenses, et même une personne très aguerrie peut se laisser piéger à nouveau, avant même de s’en être rendue compte.

Les arts, le sport, le contact avec la nature, l’attention sur la respiration, et tant d’autres occupations ont ceci de merveilleux que, par l’application qu’on leur porte, investis en entier à ce que l’on fait, la « machine à penser » perd en puissance, laissant la place à un semblant de sérénité. L’idéal est d’arriver à cette sérénité sans aucun support !☺

Un moyen moderne et expéditif y parvient très facilement, avec un risque majeur dès la première fois, d’addiction et de dépendance immédiate, soit tout ce qui nécessite un écran, téléviseur, ordinateur, téléphone portable, tablette, etc.

Je soupçonne d’ailleurs qu’un tel engouement pour ces appareils, quels qu’ils soient, soit une irrépressible fuite afin de faire taire le cinéma intérieur que nous portons tous en nous.

Revenons donc à une manière plus douce et plus naturelle d’apprivoiser ce grand film incessant projeté dans nos têtes.

Comme il arrive que nous nous souvenions de nos rêves, dans lesquels nous sommes acteurs ET spectateurs, l’état de spectateur permettant de nous visualiser lors du rêve, nous essayons ainsi de prendre cette position de spectateur envers nos pensées.

D’abord quelques secondes, pour arriver à une habitude très simple par un peu d’entraînement, il s’agit de prendre un peu de recul, ou de hauteur, et de s’observer en train de penser : cette pensée qui était là était-elle agréable ? étais-je attentif-ve à ce que je faisais ? ou mon esprit était-il « ailleurs » ?

Un peu comme un dédoublement interne, je me dis : tiens ! je viens de penser à … (mon chien, mon patron, mon week-end, ma voisine, etc… décortiquer les trente-mille pensées quotidiennes ouvre un large éventail de possibles !☺)

Ensuite, le baromètre intérieur, qui se trouve être mes émotions, m’indique si cette pensée est agréable et bonne pour moi, ou affole et agresse tous les petits capteurs inter-reliés que sont les cellules qui composent mon corps.

C’est ce déclic qu’il faut chercher une première fois : là ! à l’instant ! à quoi je pensais ?! Quelle que soit l’image ou l’émotion, juste en prendre conscience !

Cette clé acquise permet d’ouvrir ensuite tous les états, jusqu’aux plus extrêmes, et apporte un peu d’oxygène aux situations les plus étouffantes. En « prenant de la distance » par rapport à notre écran mental, le film perd de son pouvoir obsessionnel et permet au quotidien de reprendre sa place humble et pourtant très importante pour notre équilibre.

Ce que nous recherchons tous, je l’imagine et l’espère, est un état de quiétude et de tranquillité. Donc les pensées négatives et perturbantes, une fois reconnues comme telles (comme des images violentes sur l’écran de cinéma) je ne cherche surtout pas à les combattre, ce qui les renforcerait, mais je les laisse glisser comme sur un tapis roulant.

Pour que ce tapis avance plus vite, je vais alors chercher dans ma « bibliothèque » de pensées positives, un souvenir agréable, une image apaisante, le souvenir d’un état heureux qui m’a marquée, et je l’installe sur mon écran mental.

La pensée, ainsi reconnue, va résister quelque temps : « comment ! comment ! ce n’est plus moi qui décide du film ?! »

Le petit projecteur qui tournait, libre, dans ma tête, n’apprécie pas vraiment d’être dirigé tout à coup. C’est à ce moment-là qu’il faut insister, avec beaucoup de douceur, et reprendre les rênes de ce cheval fou qui partait dans toutes les directions.

Et comme je prends conscience que mon alimentation m’apporte le bien-être ou l’inconfort selon qu’elle soit légère ou indigeste, je prends conscience que mes pensées m’apportent le calme ou le désordre selon leur contenu.

Je deviens très vigilant-e à ce qu’il se passe « en-haut » dans ma tête et qui vibre plus vite que l’éclair dans mon corps (la salive arrive en même temps dans ma bouche que j’ai pensé et visualisé la pâtisserie qui constituera mon dessert). Les messieurs comprendront encore plus les réactions quasi immédiates du corps face aux pensées.

Je surveille et préviens d’autant mieux la peur qu’on veut distiller dans mes pensées par le biais des médias et qui n’a qu’un seul but, celui de me manipuler.

Tout en douceur, mais fermement, je décide seule de ce que je veux bien accueillir dans mes pensées.

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