La goutte d’eau ne survit pas sans l’océan

Si le but recherché de la maturité est l’autonomie, ce n’est que prétention de se vouloir tel Robinson Crusoé : autodidacte.

Même le plus haut des dignitaires ne survit pas sans le petit peuple des anonymes : pour la pérennité de la ruche, la ruche a viscéralement besoin de sa reine ET de ses ouvrières.

Plusieurs philosophies et religions l’enseignent dans le « tout est un », il faut entendre : tout est interactif. La trame est composée de milliards de particules infinitésimales et indissociables.

Dans le précepte « la nature a horreur du vide » il y a lieu d’interpréter : le vide n’existe pas ! Tout est remplacé, transformé.

Qui n’a rêvé dans des moments de grand énervement ou de dépit, de s’autosuffire, voire de s’isoler ? ☺

Moi la première, combien de fois n’ai-je rêvé de faire la Robinsonne : « chéri construis-moi une cabane au fond des bois pour ne plus voir personne ! »

Même dans ces moments-là, j’avoue ma dépendance, dans le « chéri, construis-moi … » j’ai besoin de l’autre. A moins d’empoigner moi-même hache, scie et marteau (tiens ! ☺ si j’avais un marteau ♫ … et si j’avais une cloche ♫ … je serais le plus heureux ! … dixit Claude François*) afin de construire seule ma cabane, chose envisageable mais ô combien contraignante, ma survie ne saurait être sans une multitude d’éléments… élémentaires : les particules d’oxygène et autres gaz nécessaires à ma respiration ; les particules d’hydrogène et oxygène indispensables afin que je puisse boire, et toutes la gamme des vitamines, protéines, oligo-éléments, et j’en passe, de ce qui doit composer une alimentation équilibrée pour le maintien de ma bonne santé.

Dans le cas ultime de ma mort physique, ma chair deviendrait compost, récupérée par la nature afin de nourrir tout un petit peuple animal, végétal et minéral (brrr ! Le plus tard possible).

Dans ma prétention de suprématie et d’être isolé, j’avoue ma dépendance dans les gestes les plus basiques, par exemple le pain que je mange : combien de mains pour labourer la terre, semer les graines, récolter et moudre le blé, pétrir la pâte, cuire le pain dans un four… construit par combien de maçons, ingénieurs, électriciens… et combien d’intervenants pour acheminer l’électricité au four, etc. etc. etc. … ?

Dans cette action toute simple accomplie des milliers de fois, avec ou sans conscience, mais majoritairement sans, se cache la vertigineuse chaîne de la vie : j’ai besoin de l’autre ! La concentration d’atomes qui constitue ma petite personne ne peut être sans la trame de l’infini.

Ce besoin de l’autre ne se retrouve-t-il que dans le plan matériel ? Saurais-je grandir seule ?

En me frictionnant à d’épineux congénères, ai-je quelque chose à apprendre et à comprendre de moi-même ? Et dans le plaisir de rencontres épanouissantes et constructives, n’y a-t-il pas à voir une récompense de la leçon apprise ?

Un début de réponse apparaît dans la genèse : pourquoi a-t-il fallu ôter une côte à Adam et par la présence d’Eve, lui apporter une kyrielle de problèmes qu’il n’aurait pas rencontrer seul ? ☺

* « Si j’avais un marteau » – 1963

Paroles: Vine Buggy – Claude François, musique: Lee Hays – Pete Seeger

Si j’avais un marteau
Je cognerais le jour
Je cognerais la nuit
J’y mettrais tout mon coeœur
Je bâtirais une ferme
Une grange et une barrière
Et j’y mettrais mon père
Ma mère, mes frères et mes soeœurs
Oh oh, ce serait le bonheur

Si j’avais une cloche
Je sonnerais le jour
Je sonnerais la nuit
J’y mettrais tout mon coeœur,
Pour le travail à l’aube
Et le soir pour la soupe
J’appellerais mon père
Ma mère, mes frères et mes soeœurs
Oh oh, ce serait le bonheur

Si j’avais une chanson
J’la chanterais le jour
J’la chanterais la nuit
J’y mettrais tout mon coeœur

En retournant la terre
Pour alléger nos peines
J’la chanterais à mon père
Ma mère, mes frères et mes sœoeurs
Oh oh, ce serait le bonheur

Si j’avais un marteau
Et si j’avais une cloche
Puis si j’avais une chanson à chanter
Je serais le plus heureux
Je ne voudrais rien d’autre
Qu’un marteau, une cloche et une chanson
Pour l’amour de mon père
Ma mère, mes frères et mes soeurs
Oh oh, ce serait le bonheur

C’est le marteau du courage
C’est la cloche de la liberté
Mais la chanson c’est pour mon père
Ma mère, mes frères et mes sœoeurs
Oh oh, pour moi c’est le bonheur
C’est ça le vrai bonheur
Si j’avais un marteau
Si j’avais un marteau

CC BY-NC 4.0 Cette œuvre est sous Licence Creative Commons Internationale Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale 4.0.

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