La norme

Il y a quelques décennies, les enfants devaient tendre la main aux adultes en énonçant un clair : « bonjour madame ! » « bonjour monsieur ! ».

S’ils disaient « un gros mot », ils se prenaient une taloche derrière la tête, voire une punition.

Le respect était le maître mot : respect des anciens, respect de l’ordre public, enseignant et religieux.

La douceur et la gentillesse étaient de mise. Les gestes et paroles agressifs étaient sanctionnés.

Les petits n’avaient qu’un seul souhait : terminer rapidement leurs devoirs pour se précipiter « dehors » : dans les rues, dans les forêts, dans les champs, à la recherche d’un monde extraordinaire plein d’aventures sorties de leur imagination à partager avec les copains et les copines.

Aujourd’hui, les aventures extraordinaires sont suggérées par des petites boîtes électroniques, plus d’imagination, plus de rêves, plus de rires d’enfants dans les rues, si ce n’est dans les cours d’école deux ou trois fois par jour.

Quand nous croisons les enfants dans notre quotidien, ils ont l’oeil et l’esprit rivés à un portable ou une tablette. Qu’ils ne saluent plus est rentré dans la norme : petits zombies qui nous côtoient sans que plus personne ne s’étonne de leur déconnexion du monde réel.

Les adultes ne protègent plus leur innocence, pire : ils les font participer au choix de la couleur du canapé ou de la marque de la voiture à acheter.

Les téléviseurs amènent au même constat : la norme est à l’agressivité, la grossièreté. Les spots publicitaires encensent l’enfant roi qui décide de la marque de jambon, de gnocchi ou de lessive à acheter, laissant paraître le message subliminal que les parents qui ne prennent pas l’avis de leurs petits ne sont pas des bons parents.

Les cadavres jonchent les émissions en soirée et à toute heure du jour, dans des dialogues policiers joliment châtiés. Berk ! Berk ! Berk !

Pas plus que les « chemtrails » dont personne ne s’offusquent, ne s’étonnent ni ne se révoltent (silence radio de tous les médias sur ce sujet) la nouvelle norme sociétale « sur-civilisée » n’engendre aucune réaction bien qu’elle nous éloigne de notre humanitude. D’un outil de communication certes très pratique, nous avons fait un objet de culte et d’adoration.

« Sur-civilisé » ! est-ce cela le monde dit « civilisé » ?!

Donnez-moi des arbres où grimper, des prairies où me rouler, des rivières pour m’éclabousser, des amis pour rire et échanger.

Mon monde civilisé à moi se veut proche de la civilisation, des civils, donc des mes frères humains avec qui j’aime échanger de la joie et de la tendresse.

Ma norme n’est pas la peur, la grossièreté, l’hébétude. Elle ne le sera jamais !

Les jouets que j’offre sont en tissu ou en bois, les paroles que j’énonce veillent à ne pas blesser, mes gestes se veulent tendres et mes sourires accueillants. Mes histoires font rêver, pas trembler.

Tout ce dont cette nouvelle norme perverse et sournoise veut nous éloigner.

Pourtant, c’est de moi dont on rit car je ne veux pas de portable. C’est de moi dont on se moque gentiment car je tire une sonnette d’alarme qui n’éveille pas la méfiance.

Moi, j’ai soif d’éclats de rire et de soirée entre amis, de poignées de mains et de coups de gueule même, s’il le faut.

Comme un Gavroche des temps modernes, je fais ma propre révolution, mais surtout ! surtout ! sans pavés …

Namasté

Claudine

 

CC BY-NC 4.0 Cette œuvre est sous Licence Creative Commons Internationale Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale 4.0.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *