La souffrance pour tremplin

Nous nous sommes tous trouvés un jour ou l’autre pris à la gorge, étouffés par trop de douleur, pris au piège dans un noir tunnel sans issue apparente …

Certains ne peuvent se voir que victimes de leur destin et ne cherchent pas de voie de sortie, peut-être trop affaiblis, peut-être aussi parce que la position de victime demande à être entendue, reconnue :

– « Aidez-moi ! Portez-moi ! » 

J’ajouterais «  … parce que moi, je ne crois pas en moi ! »

Le pendant à ces moments de douleur, c’est trop de bonheur. Tout va bien, tout roule, « two-fingers-in-the-nose » disaient les jeunes de mon époque. Alors, on ne se pose pas de question. On suit béatement le cours de nos journées, un pas après l’autre, un peu conscient intérieurement quand même d’être du côté des nantis, des chanceux de la vie, mais sans y penser trop fort non plus « de peur qu’il ne se sauve ».

C’est vivre sans connaissance des règles.

Nous sommes ici pour apprendre.

Personne ne traverse la vie sans « se mouiller » un jour, car chaque seconde qui passe est différente de la prochaine et de la précédente.

L’immuabilité n’existe pas dans le plan de la matière.

Soudainement, la vie nous attrape : deuil, renoncement, échec, maladie.

Nous avons tôt fait de crier au scandale ! Pourquoi ça m’arrive à moi ? Qu’ai-je fait pour mériter cela ? C’est trop injuste !

J’ai tant d’exemples à vous donner, de petits pères courage et petites mères courage !

Ils ont fait de leur souffrance, de leur « malheur », l’heur d’en faire une Force avec un grand F.

Quand je leur dis :

– ouah ! Tu es trop génial-e !

ils se retournent pour voir si je parle à quelqu’un qu’ils n’auraient pas vu et se parent d’un regard humble et d’un sourire lumineux quand ils réalisent que je m’adresse à eux.

– Tu es un exemple pour nous ! Namasté ! Comme je suis heureuse de te connaître, d’être ton amie ! Viens nous raconter ton histoire !

Il y a tout d’abord mes ami-es et famille, résilient-es des petits maux de la vie, chagrins d’amours, pertes d’emploi, déprimes, et dont la vie n’a fait que s’améliorer par la suite.

Il y a aussi des grands drames mués en exemple :

– Notre ostéopathe local, diagnostiqué d’une cécité dégénérative à cours terme à l’adolescence, qui a malgré tout entamé des études, et bien qu’ayant perdu totalement la vue jeune homme, mène une vie exemplaire de bon père de famille, passant ses journées à soulager nos petits maux physiques et psychiques du bout agile de ses doigts d’enchanteur (il ne m’en voudrait pas si j’avais écrit : de fée). En plus, pour l’anecdote, il manie son ordinateur mieux que moi qui suis secrétaire de formation. Comme quoi, la volonté supplante tous les talents et ouvre tous les possibles.

– Mon amie suissesse, victime du mauvais geste d’un chirurgien qui l’opéra d’une hernie discale. Elle s’est retrouvée pliée en deux pendant un quart de siècle, sans jamais avoir de cesse de pardonner à cet homme pour pouvoir progresser, et lui et elle. Elle a mené un parcourt exemplaire à vivre « normalement » en pratiquant sports, voyages, thérapies, jusqu’à trouver peut-être involontairement une issue si heureuse : la voilà droite comme un I, debout sur ses deux jambes, à nous inonder de sa lumineuse présence et à nous aider à nous retrouver en nous donnant des cours du yoga qui reconnecte à notre centre, comme elle l’a si bien vécu et réalisé.

– Mon « petit-père-courage » dont la fille a été cruellement assassinée il y a quatre ans. Plutôt que de sombrer dans la colère et l’amertume, il a métamorphosé sa tristesse en un combat pour la reconnaissance de la « vraie » justice et pour la cause des femmes battues. Il fait changer le monde par sa grande sagesse, son calme magnétique qui apporte tellement plus qu’une révolte guerrière.

Namasté ! Namasté ! Namasté ! mes chers amis et modèles vivants.

Ma très grande chance est de vous connaître, de vous côtoyer et de vous reconnaître.

A vous qui n’avez pas la chance d’être proches d’eux, cherchez d’autres héros des temps modernes pour vous en inspirer et vous dire : « s’ils le peuvent, je le peux aussi ! »

Ou échangez avec moi par le moyen qui vous convient, je vous dirai (rappellerai) combien les humains peuvent être merveilleux … et vous en êtes.

Namasté

Claudine

«  Si la souffrance ne nous tue pas, qu’elle ne nous rétrécit pas, la liberté n’est pas très loin » dixit Alexandre Jollien

à lire  : « Vivre sans pourquoi » d’Alexandre Jollien, éditions Points

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