La tête dans le guidon

Je vous parle là de généralités, mais il s’agit de grands courants comprenant de multiples exceptions.

Toutefois, elles mettent en évidence des différences de comportement qui posent les bases de l’avènement du nouveau monde.

La mécanisation et l’ère du matérialisme est devenu à une époque primordiale, car à la base du pilier de la survie : se nourrir. Derrière les progrès phénoménaux de l’industrialisation, il y a eu tout d’abord ces deux nobles buts, se nourrir et se loger, qui ont conduit à s’enrichir, se soigner, s’instruire, etc.

J’appellerai cette époque « la tête dans le guidon », très bien caricaturée par Charlie Chaplin dans « les temps modernes ». Etait-il un des premiers visionnaires à nous mettre en garde avec ce film qui a été perçu plutôt comme une parodie ?

Certaines personnes ont commencé à réagir et à se révolter dans les années soixante-dix, très vite cataloguées de marginaux avec une étiquette bien imagée : « New Age ».

Nouvel âge probablement, parce que cette époque correspond à un éveil de conscience qui ne se voulait plus « la tête dans le guidon ».

Il y avait encore trop à construire, à découvrir, à créer pour que ce courant devienne général.

A notre époque où on a roulé sur Mars, où tout a été dit ou presque au point que les chanteurs mixent les anciens succès, où les constructeurs automobiles changent la forme d’une aile ou d’un rétroviseur pour sortir un nouveau modèle, où les nouveaux Michel-Ange alignent des dégradés de noir pour créer l’extase, maintenant que la frénésie matérialiste semble s’essouffler, arrive enfin le temps du :

– Mais qu’est-ce qu’on pourrait bien faire ?

– …

– Et si on essayait maintenant d’être ?!

Pendant ce temps de « création effrénée », les sociétés dites du « tiers-monde » n’avaient d’autre choix, elles, que d’être avant de mourir de faim ou d’insalubrité.

Ces mêmes sociétés sont à leur tour happées par le progrès, comme s’il s’agissait d’un passage obligé.

Les pays émergents sont aujourd’hui la Chine, l’Inde, l’Afrique, ceux dans le « déclin matériel » : l’Amérique, l’Europe et le Japon, qui lui « explose » physiquement.

Aux personnes de ma génération (je suis née en 1959) qui observent avec confiance et tendresse les jeunes d’aujourd’hui, je demande de remarquer cette merveilleuse envie d’être qui sourd et émerge de notre descendance.

Si l’envie de ne pas marcher sur les rails des parents prouve un désir d’autonomie et d’affirmer sa personnalité propre à toutes les époques, il me semble qu’un nouveau courant s’installe tout en douceur : un désir d’équilibre entre faire et exister, assurer sa survie sans oublier d’apprécier la vie, une nouvelle génération qui ne souhaite plus avancer tête baissée sans réflexion, mais qui prend le temps de poser ses priorités pour ne pas déconnecter de son propre centre dont elle garde une mémoire accrue.

La décroissance économique prouve certainement qu’une autre forme d’être (êtres) émerge(-nt).

Il me paraît important, à nous les anciens, de nous éveiller à ces changements afin de permettre à la douceur de s’installer, ce qui se traduit par la fin de la guerre de pouvoir pour la paix dans l’amour et le respect du prochain et de la vie.

Nous avons beaucoup à apprendre en observant maintenant nos enfants et nos petits enfants et à lâcher nos certitudes.

Namasté

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