Lâcher nos certitudes

Au nom de nos certitudes, nous pouvons tuer.

Les événements récents en France nous en donnent tristement la preuve.

Je suis tellement convaincu-e que les préceptes qui m’ont été enseignés sont la seule réalité que je peux détruire tout ce qui ne s’y accorde pas.

Et je tue au nom d’une pensée.

Cette pensée m’a été inculquée à mon premier souffle, de l’extérieur à mon centre. Mais pour prendre corps, il fallait que mon centre soit prêt à l’accueillir, comme une graine pour germer et croître doit trouver un bon terreau.

Mes convictions sont la réunion de deux courants : le courant extérieur qui s’enracine en moi et le courant intérieur qui intègre, fait prospérer, s’accroche et ne lâche plus cette pensée qui devient ma raison d’être.

Je ne suis plus un « être » humain, je suis un concept.

Plus rien n’existe autour de moi que mes certitudes, mes focalisations.

En mon centre, il n’y a plus que ce concept pour lequel je suis prêt-e à tout.

Je ne tente pas aujourd’hui d’analyser un fait d’actualité. J’essaye seulement de me saisir de cet événement dramatique pour élever ma conscience.

Tout ce à quoi je m’accroche me détruit.

La vie est mouvement infini.

Mes pensées glissent dans mon esprit, comme des saumons dans une rivière.

Il paraît que nous pouvons avoir jusqu’à trente mille pensées par jour ! (Pas étonnant que nous nous sentions épuisés parfois …)

Il en est certaines que je ne veux pas lâcher, car je suis convaincu-e que je n’existe que par elles.

Je me limite dans mes certitudes, mes habitudes, car elles me rassurent.

La vision que j’ai de moi-même m’appartient.

Mais il y a fort à parier que si je comparais ce que je pense de moi avec ce que pensent de moi dix autres, cent autres personnes, il y aurait très peu de correspondances.

Et pourtant, je m’accroche à mon image, à ma personnalité, à mes pensées, à mes convictions, à mes habitudes, qui m’enferment mieux qu’une prison et au mieux me rassurent, mais au pire me détruisent.

Cette unique pensée que j’ai de moi-même m’éloigne de tous les champs des possibles.

Si je me sentais infini-e, je ne me limiterais pas à ma pensée focalisée de moi-même.

Ma pensée m’enferme, la vie m’envole.

Quand je résiste au mouvement, au changement, je me casse.

Ma pensée existe comme un pieu vertical et statique alors que la vie est des six directions et mouvance.

Mais il y a pire situation : celle de n’avoir aucune pensée de moi-même que celles qu’on m’a inculquées.

Je me suis laissé-e conditionné-e par des paroles fortes, des jugements, des dogmes et j’agis comme un petit robot au nom de ces pensées extérieures.

Je suis une bombe à retardement : une seule atteinte à mon univers et je vous saute à la gorge.

Nous jugeons des faits extérieurs, mais combien de nous sont prêts à rentrer dans une colère noire si une seule de leurs certitudes venait à être mise en doute ?

Combien tombent en dépression pour une seule habitude remise en cause ?

Nous nous cassons tous un jour ou l’autre le nez sur une porte fermée, sans comprendre que cette porte n’existe que dans notre pensée et qu’elle est tellement collée à nos yeux que nous ne voyons pas derrière, autour, en- dessus et au-dessous l’Infini !

Il n’y avait qu’à prendre du recul ou de la hauteur et à se dire :

– Et si ma pensée n’était pas la bonne ? Et si mes convictions étaient erronées, qu’en ressortirait-il ? Et si le domaine était si vaste qu’il m’est impossible de l’appréhender dans son entier ?! Et si j’ouvrais mon esprit !!!

Namasté

CC BY-NC 4.0 Cette œuvre est sous Licence Creative Commons Internationale Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale 4.0.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *