L’autonomie

« Je n’attends rien d’autre d’un écrivain que ce que j’ai reçu de mes parents : qu’il me console, m’éclaire, m’aide à grandir et à me séparer de lui. » 1

Ainsi va le cycle de la vie :

  • qu’il me console : la graine tombe au creux de la terre. Elle est recouverte, entourée, réchauffée.

  • m’éclaire : la fusion des quatre éléments lui donne l’énergie de la croissance, eau, terre, air et feu (lumière).

  • m’aide à grandir : par la force qu’elle contient, la graine devient plante, le gland devient chêne.

  • et à me séparer de lui : le cycle recommence, la plante génère des fruits, les fruits relâchent la graine, le lâcher prise permet la continuité de la vie.

Quelles paroles magnifiques, quelle ligne de conduite pour tout être éveillé : maître, gourou, sage, enseignant, dirigeant, aidant, parent, adulte, médecin, thérapeute… humain.

Que de légèreté et de bonheur à vivre, si, tous, nous suivions cette sagesse !

Nous n’aurions plus ce rôle si lourd, dont certains se réjouissent pour en assumer la plus haute tâche, afin d’en retirer la récompense suprême : le Pouvoir.

Quel bonheur de n’être plus « celui qui nourrit », mais « celui qui apprend à pêcher ».

Plus de conflit, plus de guerre, plus de jalousie.

Ce que j’ai, je te le donne, avec toi je le partage ; de la plus petite étincelle de lumière à la plus grande des sagesses. Je ne suis plus l’élu, je suis le miroir, ton frère jumeau, la source fraîche où tu t’abreuves.

Je suis l’exemple qui te montre tous les possibles. Ensemble et individuellement, nous atteignons les sommets. Il n’y a plus de maître ni d’élève ; nous avançons main dans la main. Nos faiblesses nous conduisent à nos forces.

Je suis né nu. Je repartirai nu. Ce qu’il y a entre les deux n’a plus d’importance. Seul l’amour m’habille de sa lumière. Je ne suis plus responsable de toi, pas plus que tu ne l’es de moi. Seul l’amour reste.

Par amour pour moi, je tends la main que tu cherches.

Tous les cycles n’ont qu’un seul but : relier le point de fusion où naît l’immortel, l’amour.

« Peut-être que le véritable enjeu des guerres ce sont les cœurs. On dirait que le monde se bat pour qu’il n’y ait plus aucun cœur. » 2

La dépendance est le nerf de la guerre. En te gardant sous ma coupe, je t’asservis et mon importance grandit.

Il en va d’une nation comme d’une famille, comme d’un ami. Il en est de même à l’échelle planétaire comme au plus petit relationnel : deux personnes face à face.

Tu n’as plus à te nourrir à ma sève, tu reconnais la sève en toi. Tu n’attends plus de ton président qu’il te porte, tu sais la force en toi. Tu ne cherches plus Dieu à l’extérieur, car enfin, tu le découvres à l’intérieur.

« Ce qui est douloureux, c’est qu’il est impossible d’expliquer quelque chose à quelqu’un qui ne l’a pas déjà compris. On peut seulement parler à quelqu’un qui en a le pressentiment et qui souffre de ne pas avoir de lumières là-dessus. » 3

1, 2, 3 La lumière du monde – Christian Bobin – Éditions Gallimard 2001

CC BY-NC 4.0 Cette œuvre est sous Licence Creative Commons Internationale Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale 4.0.

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