Le funambule

Nous avançons, tous, sur le fil de nos destins.

Quelle conscience nous conduit : personnelle ou universelle ?! personnelle et universelle.
A l’image de l’astrologie, régie par des mathématiques immuables permettant de prévoir l’itinéraire de telle planète ou étoile, il en va de l’immensément grand comme de l’infiniment petit, la cellule.

L’emplacement de la cellule est prédéfini, son chemin de vie tracé du début à la fin, dans une organisation gigantesque. Celui qui en touche l’immensité ne peut qu’être pris de vertige.

J’avance, un pas après l’autre, sur le rail de la trajectoire. Dans une main, une jolie ombrelle ou un long balancier, selon le degré de romantisme souhaité, maintient mon équilibre.

Je crois sauter sur le fil de l’autre, quand nos destins se croisent. En fait, je ne fais que suivre mon fil d’Ariane qui me colle à la peau comme la soie diaphane et merveilleusement solide sécrétée par les arachnides.

Mon libre arbitre me laisse croire que je choisis, allez ?… le rythme au moins ?!

Et bien non ! Même pas ! La partition est écrite depuis longtemps que tel geste va apporter telle conséquence. Lent ou rapide, le métronome ne s’arrête jamais. Jamais !…

Tic, tac, la petite aiguille poursuit sa ronde infernale. Même elle avance sur son fil : que la pile soit en bout de course ou que la main de l’horloger ait oublié de remonter le mécanisme et elle s’arrêtera… La mise en mouvements peut reprendre pour elle. Effectuera-t-elle la même danse ? Mon œil et mon oreille me disent que oui, ma conscience me dit non, chaque seconde est unique.

Pied gauche, tic, pied droit, tac. Je monte sur une échelle pour la dernière fois. La chute me fait basculer dans une autre dimension immatérielle.

Un petit pourcentage d’humains, dotés de plus ou moins de sensibilité, voulue par leur fil d’Ariane, entrevoient chez les autres leur passé et (ou) leur avenir. Comment cela se pourrait-il si le livre n’était déjà écrit depuis longtemps ?

Une pensée surgit, décryptée par mon cerveau. C’est le début d’une folle histoire : cette pensée va engendrer un mot, un geste, un acte, un projet, une finalité. Je « devais » aller là ! Je devais créer telle merveille (ou telle horreur), je devais jouer « ma » note  de « la » partition pour que l’Oeuvre se réalise.

L’éveil, toutefois, demande une vigilance de chaque instant : où va me conduire cette pensée surgie si abruptement ? Quelle est ma part de responsabilité dans la composition du Livre d’Histoires ? Y a-t-il une baguette de chef d’orchestre dans ma main ?

Comme pour la trajectoire de la planète, l’Oeuvre existe déjà. Notre conscience nous permet d’en saisir une micro-particule qui contient déjà l’Ensemble, le seul, l’unique sur notre plan terrestre : l’instant présent.

J’en suis là sur mon fil, sur mon « maintenant ». Je retiens mon souffle pour maintenir le balancier dans un semblant d’équilibre. Chaque « toc », « toc », « toc » de mon cœur me dit « avance », « avance », « avance » ; n’aie pas peur, tu fais partie de la grande Œuvre, dans la seconde et pour les siècles des siècles.

Mon fil, mon ombrelle et mon phare ont la même couleur : celle de l’Amour-qui-ne-meurt jamais.

Et vous, quelle est la couleur de votre fil d’Ariane ? ☺

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