Le poids de l’âme

Qu’est-ce qui fait que certains chemins de vie ressemblent à des manteaux de plomb, alors que d’autres se retrouvent avec un voile de duvet ?

Si chacun n’avait sa part d’ « évolution », l’éducation parentale amènerait tous les enfants d’une même fratrie aux mêmes résultats, soit à construire des personnalités au caractère, au mode de fonctionner en toute circonstance, voire au destin identiques.

Nous en sommes bien loin.

Nous retrouvons un maximum de points communs chez certains jumeaux monozygotes, mais il reste encore et malgré les ressemblances les plus sensibles des destinées différentes. Pourtant, l’éducation parentale dans ce cas présent peut être la plus similaire qui soit. Quoique … demandez à la maman de reconnaître son enfant jumeau, elle répondra sans se tromper dans la majorité des cas, si elle se fie à son ressenti plutôt qu’à sa vision.

A la première seconde de vie du nourrisson, peut-être avant, pendant la vie fœtale, il y a comme une forme de contrat entre l’enfant, le père, la mère, qui s’étend ensuite en circonvolutions à la fratrie, la famille, les amis, les collègues, puis à toutes les rencontres (et même au-delà, qui sait ?)

Ce contrat induit que l’enfant conduira ses parents à une certaine attitude face à lui, qu’ils n’auront pas face à un frère ou à une sœur, leur apportant un apprentissage récurrent presque incontournable.

Dans la même dynamique inversée, l’attitude particulière du parent portera l’enfant à sa seule réalité, avec ses propres perceptions.

Cette alchimie mise en place conduira à sept milliards de résultats différents.

Se greffe ensuite la destinée propre à chacun-e.

Pourquoi tel humain souffrira-t-il mille maux alors que tel autre traversera la vie sans égratignure ?!

La notion de karma appartenant aux cultures orientales apporte une réponse plausible (l’âme qui se réincarne plusieurs fois se voit punie ou récompensée pour ses action lors de vies antérieures).

Cette notion tout à fait respectable est peut-être une vérité. Mais elle ne laisse aucune place au libre-arbitre.

Puisque je n’ai aucun souvenir de mes vies passées, il me semble payer pour les bêtises commises par un inconnu. Pour rattraper une erreur, encore faut-il en prendre conscience. Alors pourquoi revenir amnésique ?

Cette pensée de karma pourrait apporter une solution beaucoup plus subtile : je suis né-e dans la caste des « intouchables ». Mon sort n’est guère plus enviable que celui d’un insecte rampant. Ma personnalité très docile et ma programmation sociétale me guident dans une vie linéaire à laquelle je ne chercherai pas à échapper. Je traverserai la vie épaules courbées et yeux baissés dans une totale abnégation.

Ceci est schématiquement un exemple concret, peut-être pas tout-à-fait précis, cité avec beaucoup de respect pour cette croyance, pour la compréhension d’une certaine déduction qui n’engage que moi.

La réflexion qui me porte à une forme d’analyse différente prend cette autre vision d’un choix de l’âme : qui que je sois et quel que soit l’endroit où je suis né-e, j’ai pour mission de « transformer » le monde et de me transformer.

Mes échecs et mes écueils sont le résultat de mon manque de discernement. Comme un mouvement accompli en souplesse et en conscience se pare de grâce, mon attitude à me « fondre » dans les données de ma vie m’amène à la fluidité.

L’acceptation de ce qui est me centre dans ma vie. La quiétude me conforte dans mes réflexions.

J’accueille toutes les expériences sans jugement, avec cette seule notion de ne pas perdre la finalité.

Nous sommes tous interconnectés. Ce qui déchire ma trame lorsque je fonctionne en vase clos dans la résignation stérile, avec cette notion de karma inéluctable, résonne à l’infini. Alors que ce qui nourrit ma trame et la construit amorce cette fluidité qui manque cruellement au monde.

Dans ce sentiment d’individualité et d’unicité, j’accepte chaque choix comme une mission ayant pour but de me tenir en éveil et d’éveiller le Tout.

Je ne suis plus passif-ve mais actif-ve en toute forme.

J’honore mon contrat comme le chêne, le lion ou la souris.

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