Les mots sont des dessins

Les mots sont des dessins en deux dimensions.

Toutes les paroles que nous émettons ou entendons surfent sur les vagues de nos propres valeurs et interprétations.

Parler, échanger, chercher la compréhension dans les mots nous permet d’appréhender une image du bout des doigts.

Pour en saisir le sens véritable, il faut, si possible et selon la sensibilité propre à chacun-e, chercher à pénétrer dans l’énergie du mot comme le sculpteur ou le potier pénètre dans la matière.

La terre n’est plus de la terre, la pierre n’est plus un bloc inerte, le bois porte son essence à devenir, les couleurs du peintre sont autant d’éléments prêts à s’assembler pour parvenir au chef d’œuvre et amener la sensibilité à la visualisation.

Ce que nos yeux voient sont ce que nos oreilles entendent : une image, un son.

Au-delà, il y a la Vie.

Nous sommes tous et toutes des êtres aveugles et sourds, jusqu’à l’instant de grâce où nous comprenons que les apparences ne sont pas la réalité, comme dans la merveilleuse histoire d’Helen Keller.

Helen Keller (1880-1968) est une enfant devenue aveugle et sourde à 19 mois, définie comme muette bien que dotée de cordes vocales en état de fonctionner, mais ne possédant pas le code de la gamme établie des mots associés aux images correspondantes, qui a découvert la communication à l’âge de 6 ou 7 ans, grâce à l’infinie patience de son éducatrice, Anne Sullivan.

Enfermée dans son monde de sensations fait de terreurs liées à ses seuls ressentis et interprétations, Helen est prisonnière dans une bulle d’incompréhension du monde extérieur codifié, jusqu’à ce que Anne Sullivan lui ouvre la porte de cette prison.

Dans le creux de la main de la petite fille, effrayée et capricieuse par la complaisance de ses parents, Anne signe du langage des signes chaque lettre de chaque mot, nommant chaque objet ou situation, sans succès, jusqu’à l’instant miraculeux où le cerveau d’Helen fait la jonction entre le signe « eau » et l’eau qu’elle est en train de toucher, donc d’expérimenter.

Plusieurs fois, Helen a touché l’eau et redemandé le signe « eau ».

Son corps tout entier, son âme, ses sensations, sa compréhension, tout en elle s’est enfin ouvert à une codification qui lui a ouvert toutes les portes d’un seul coup.

Cette petite fille, étiquetée « handicapée », a ensuite fait de brillantes études et est même devenue professeur à l’université, entre autres (En 1915, elle fonde avec George Kessler l’organisation Helen Keller International (HKI) afin de soutenir la prévention de la cécité et la réduction de la malnutrition dans le monde. HKI est aujourd’hui présente dans 22 pays).

Nous sommes tous, comme Helen Keller, enfermés dans notre monde de compréhension, à la différence qu’un code établi nous permet de communiquer les uns avec les autres, toutefois sur un mode très superficiel, sans en être ni coupables, ni responsables.

Nous pouvons vivre toute notre vie avec cette illusion des apparences, sans souffrir, sans problème majeur, qu’une vie linéaire et à peu près tranquille.

Toutefois, bien rares sont ceux ou celles qui traversent la vie sans tempêtes émotionnelles : deuils, ruptures, dépressions, comme si notre mode d’expression codifié perdait ses repères dans une faille.

Nous pouvons alors reprendre ce code des apparences, jusqu’à la prochaine faille, encore et encore, jusqu’à notre dernier souffle.

Ou s’arrêter …

… faire le vide de tous les acquis, de tous les enseignements, de tous les préjugés, de toutes les croyances et découvrir, en cassant l’image qui a ouvert Helen Keller à la compréhension, que le mot « eau » est plus que ce son émit par la bouche en forme de puits, qu’il y a derrière une matière merveilleuse, fluide, stagnante, fraîche, chaude, claire, brouillée, désaltérante, lavante … vivante !

Voir, entendre, ressentir …

… au-delà des apparences

Un mot peut en être la clé  🙂  :

simplicité !

.. mais chut ! Ressentez le vôtre   ♥

Namaste

Citation :
« Quand on y croit, on a plus de chances de réussir. » H. Keller

CC BY-NC 4.0 Cette œuvre est sous Licence Creative Commons Internationale Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale 4.0.

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