Les quatre saisons

Nous sommes de l’ordre de la nature, régis par les mêmes règles.

Nous oublions fréquemment cette évidence toute simple, convaincus de pouvoir tout diriger de nos vies, de nos rythmes, de notre santé, dans l’illusion de la toute puissance du progrès.

Petite graine fraîchement plantée, nous naissons au printemps de notre vie, quelle que soit la saison.

Tout petits, cette poussée d’énergie double notre taille en quatre ans et nous apprend les bases élémentaires dont nous nous servirons tout au long du chemin : l’acquisition de la marche, de la parole, de la propreté.

Comme dans le règne végétal, la sève en pleine expansion explose dans nos cellules et nous pousse à la vie. Nous apprenons tout avec une facilité déconcertante.

Cette période intense de croissance nous propulse à l’éclosion, à la majesté de l’été.

Notre épanouissement est à son point culminant.

Nous sommes dans la pleine force de la maturité et dégageons tous les sucs, les arômes et la splendeur dont nous sommes capables. Nous butinons, bâtissons, créons, telle une ruche en pleine effervescence.

Peu à peu, notre rythme ralentit, bien que nous fassions la sourde oreille.

Nos exploits ne sont plus si brillants, même si nous essayons de nous en convaincre.

Les temps de récupération deviennent plus longs. Nous avons besoin de plus d’heures de sommeil. Les « feuilles » de nos têtes changent de couleur, quand elle ne tombent pas carrément !

L’automne est là, mais nous en sommes si peu conscients et reconnaissants, dans les deux sens du terme :

1.- le premier : je suis reconnaissant-e à la vie des beaux fruits qui m’ont été donnés, je la remercie.

2.- le second : je reconnais que mon rythme ralentit. C’est le temps des récoltes, des agapes et des grandes fêtes de la plénitude de mes « greniers ».

Le calme vient, les jours sont plus courts, le froid s’installe.

Nous devenons frileux. Nos cheveux blanchissent et se parent de la plus belle neige.

Le temps du faire a disparu. Nous avons à être maintenant.

L’hiver apporte le temps du repos et de la sérénité. Aller contre cette évidence nous conduit droit dans un mur.

Notre corps donne des soubresauts de jeunesse, mais nous risquons de le fracasser à ne pas vouloir le respecter.

Notre pouvoir créatif est encore là, mais parfois nos yeux ou la raideur de nos doigts nous freinent dans nos élans.

C’est le temps du bilan, de l’introspection, de la réflexion.

Le déni, les regrets et les remords n’apportent que souffrances vaines alors que l’acceptation et la gratitude nous conduisent à la quiétude.

Attention jeunesse !

Ne te crois pas hors de ce rythme des saisons de la vie parce que tu tournes à plein régime.

Profite des ardeurs du lièvre de la fable* mais acquiers au plus vite la sagesse de la tortue, ta vie n’en sera que plus douce et paisible.

Namasté

* Le lièvre et la tortue, Jean de la Fontaine (1621-1695)

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