L’Inquiétude

– Je revendique mon droit à m’inquiéter ! m’a asséné aujourd’hui un jeune homme cher à mon coeur que je tentais d’apaiser en vain.

L’inquiétude ! Est-il sentiment plus inutile ?

La peur viscérale existe en nos gènes depuis la nuit des temps, depuis l’ère où notre survie dépendait d’une vigilance de chaque instant.

Aujourd’hui, la peur nous est instillée par petites perfusions : dépistez-vous, mangez cinq fruits et légumes, fumer tue. Vivre aussi tue ! Notre quotidien est rempli de ces messages subliminaux auxquels nous ne prenons pas garde, mais que notre subconscient enregistre insidieusement.

L’inquiétude, petite sœur de la peur, est distillée au compte goutte par notre inconscient.

Elle pollue notre moment présent, baisse notre taux vibratoire, entache nos relations et au final nous rend malade de vivre.

Je le sais pour être issue d’une longue lignée de femmes inquiètes : mère, grand-mères, sœur, tantes, cousines, toutes les branches féminines de mon arbre généalogique sont touchées par ce parasite.

Par chance, une introspection bienvenue m’en a fait prendre conscience il y a longtemps déjà, et pour essayer de protéger ma fille de cette gangrène, je me suis appliquée à sortir de l’inquiétude. Mon chemin de vie m’a prouvé que j’avais été bien inspirée.

Y a-t-il une émotion plus stérile que l’inquiétude ? Combien de fois ai-je dit à ma mère :

– que tu t’inquiètes ou pas, ce qui doit arriver arrivera !

Et combien de fois ai-je entendu la même réponse ? :

– oui, mais quand on est née inquiète, on ne peut pas se changer !

Alors oui, je vous laisse cette liberté de vous inquiéter, si c’est là la seule projection que vous pouvez avoir dans votre confiance en votre destin.

Mon mur de soutien à moi est composé d’autres briques : quoi que je vive, si cela m’est inconfortable ou insupportable, je peux le changer en tout temps, sans précipitation, à quelques exceptions près.

Combien de « oui mais … toi … » ai-je essuyés à l’énoncé de cette idée ?!

Tout changement apporte une forme de souffrance, un point de transition inconfortable, il ne faut pas se leurrer. Lâcher nos habitudes nous entraîne loin du chemin connu et les incertitudes nous déstabilisent.

Pourtant, tout reprend place très vite, surtout quand il s’agit de mieux être.

L’inquiétude nous cantonne dans une seule probabilité : la pire. Impossible d’envisager autre chose qu’un drame. Si nous arrivions ne serait-ce qu’une seule fois à nous dire :

– Effectivement, le pire peut arriver (1ère probabilité), mais tout peut très bien se passer aussi (2ème probabilité), ou il se peut que seule une partie du changement me convienne (3ème probabilité), ou encore que tout se passe d’une façon miraculeuse à laquelle je n’avais même pas pensé (4ème probabilité).

Quand nous rentrons dans cette nouvelle perspective multiple, un changement s’amorce dans notre vision du problème et nous pouvons alors l’appliquer à tout ce qui nous inquiète.

Nous ne nous focalisons plus sur le scénario catastrophe du méchant petit vélo tournant dans notre tête qui veut nous faire croire en une seule possibilité.

La patience répond à toutes nos questions, c’est une certitude. Ensuite petit-à-petit la confiance s’installe, donnant une grande claque au diablotin qui nous entraîne et nous manipule dans ses noirs desseins.

Et là où je revendique ma liberté, c’est de me dire : « cela, je veux et je peux le changer ! »

Mon père faisait le contre-pied à ma mère, mais il est plus facile de se laisser porter par ses peurs, alors je faisais la sourde oreille. Je n’ai compris que très tard ce qu’il voulait me transmettre en me disant :

– Ose et fonce ! Le risque est la condition de tout succès !

Namasté

« La vie est trop courte pour être petite » Benjamin Disraeli

« Mon Dieu, donne-moi le courage de changer les choses que je peux changer, la sérénité d’accepter celles que je ne peux pas changer et la sagesse de distinguer entre les deux ». Marc Aurèle

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