L’Odeur des Crayons

L’Odeur du bois et du graphite porte l’éternité.

Avant de me saisir de mon crayon, je respire son odeur de toute mon âme. Chacune de mes cellules s’ouvrent à l’appel de cette odeur unique.

Pourquoi ?

Parce qu’au bout de ma main, il y a une boussole portée par des milliards d’humains.

Certaines n’indiquent pas forcément le Nord qui éclaire, mais toutes ont une noble fonction. Même en se trompant de sens dans l’indication, nous pouvons être appelés au réajustement qui nous est propre.

Depuis des lustres (voyez comme tout parle de Lumière!) l’Homme a tracé ce qu’il voyait et comprenait par sa main, au moyen d’outils rudimentaires : tisons, poudres colorées, gravures … jusqu’à l’avènement du crayon.

A quoi auraient servi les réflexions de Léonard de Vinci s’il n’avait eu de quoi écrire ?!

Comment les mots des livres religieux auraient pu nous parvenir si à un certain moment n’était apparu l’écriture ?! Combien plus de confusion encore s’il n’y avait eu que le bouche à oreille ?!

Une expression peut être interprétée de mille façons, propre à chacun des sept milliards d’humains différents que nous sommes. Dans les mots écrits, il y a une vérité cachée par la personnalité de l’écrivain, en son ressenti du moment, dans les émotions qu’il portait en lui à l’instant de l’écrit, certes. Mais chaque mot peut cacher un diamant.

Le crayon au bout de la main est le prolongement de la personne, le reflet de ce que contient son âme. Tout ce dont la main se saisit pour créer exprime cette magie invisible à l’œil.

Il y a en chaque homme une étincelle de sagesse. Quand l’homme s’éteint, il emporte sa petite lanterne avec lui, à moins de l’avoir exprimée par sa main, de quelque façon que ce soit.

Par ce crayon porté par des millions de mains, je peux rencontrer Confucius, Aristote, Bouddha, etc., à des années lumières de ma vie, ou Paulo Coelho, Don Ruiz Miguel, Christian Bobin, etc., à des kilomètres de ma vie.

Dans l’écrit, il n’y a plus aucune séparation de temps ou de lieu. A l’instant où mes yeux se posent sur le mot, je suis avec lui, je suis en lui, il est en moi, il résonne en moi, il raisonne en moi.

Quelle fierté pour l’enfant d’arriver à décrypter son premier mot ! (décrypter : sortir de la crypte ? Renaître à la Vie?)

Et si les mots écrits portaient la Vie ? S’il y avait lieu de chercher les pépites comme les chercheurs d’or filtrent des litres et des litres d’eau des rivières pour une minuscule paillette ?

Dans la lecture, il y a la recherche de la Vie.

Chaque petite étincelle allumée par un mot, une idée, ressemble à une pièce de puzzle : isolée, elle ne représente par grand-chose. Mais mises bout à bout, toutes ensemble finissent par devenir un grand phare.

Entendre au-delà du mot, voir au-delà du regard, la lecture ouvre à l’Invisible.

Dans la lecture éphémère des moyens électroniques, il y a le tison qui part en cendres, la poudre de Lascaux qui se délite, le graphite gommé dans l’instant.

Il n’y a que des poussières d’Éternité aussitôt soufflées.

Crayon comme je t’aime, Toi et ta Lumière !

Namasté

Le graphite est une espèce minérale qui est, avec le diamant, la lonsdaléite et la chaoite, l’un des allotropes naturels du carbone. Source : Wikipedia

 😉  Yes ! ! !

CC BY-NC 4.0 Cette œuvre est sous Licence Creative Commons Internationale Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale 4.0.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *