Ma pensée est comme un petit enfant

Livré à lui-même, il devient capricieux, hyperactif ou apathique et coléreux. Sans éducation, il part dans tous les sens et me tyrannise.

Tant que je n’ai pas pris conscience que je peux éduquer ma pensée, elle part dans tous les sens et me tyrannise.

Il en ressort principalement des peurs incontrôlables et infondées.

La plupart du temps, mes peurs sont le fruit de mon imagination. Alors que cette émotion, la peur, nous a été donnée pour percevoir un réel danger qui menace notre vie, dans les mains de ma pensée livrée à elle-même, elle devient une arme qui se retourne contre moi.

Bien au chaud dans mon lit, j’ai peur de mon voisin agressif, de la crise qui menace mon confort, des prétendues pandémies qu’on nous brandit sous le nez régulièrement, et de mille maux hypothétiques.

Je suis seulement inconscient-e que je suis bien au chaud dans mon lit et qu’ici et maintenant rien ne peut m’arriver.

J’ai juste laissé ma pensée partir en vrille  😉 .

Comme un petit enfant au caractère bien trempé avec qui il faudra du temps, de la patience, de la fermeté et beaucoup d’amour, il me faudra du temps, de la patience, de la fermeté et beaucoup d’amour pour éduquer ma pensée alors que je ne savais même pas il y a un instant que je pouvais l’éduquer.

Mon regard me donne une vision et une perception de tout ce qui est extérieur à moi. Il me donne un avis sur ce qu’il faudrait changer d’extérieur selon moi pour être heureux-se.

Tous mes sens, la plupart du temps, sont tournés vers l’extérieur, car depuis notre premier souffle, on nous enseigne à faire.

Le faire c’est l’extérieur.

A ma connaissance, un seul petit enfant sur Terre a une chance inouïe, c’est le futur remplaçant du Dalaï-Lama; à lui, on lui apprend à être ! :

je suis la réincarnation de la sagesse

je suis la représentation matérialisée du Savoir Absolu.

Selon le principe du Un dont nous sommes tous sans exception, je suis moi aussi, Claudine, cinquante-cinq ans, citoyenne du monde à peau blanche, la réincarnation de la sagesse, la représentation du Savoir Absolu, mais personne ne me l’a appris, personne ne me l’a dit, parce que personne ne le savait.

– dis bonjour à la dame

– lave-toi les mains

– fais tes devoirs

– ne tire pas la langue à ta sœur … 😉 .

Toutes les consignes que j’ai reçues de mes parents que j’affectionne beaucoup et de mes enseignants, toutes ces personnes que je remercie du fond du cœur ne savaient pas qu’on pouvait aussi être, tout simplement, merveilleusement, être.

Comme ce petit, futur Dalaï-lama, qui apprend tout d’abord à être, pour ensuite faire dans la conscience du je suis.

Tout ce que je fais dans la conscience du je suis prend une toute autre dimension. Je ne peux plus faire le mal car je suis, je ne peux plus juger car je suis, je ne peux plus haïr car je suis.

Ma grande chance a été que ma pensée parte complètement en vrille à vingt-six ans et m’entraîne dans une profonde dé-pression qui a duré trois ans, mais dont il m’a fallu dix ans pour m’en extraire totalement.

Je coupe sciemment le mot dépression en deux, car cet épisode douloureux m’a totalement coupée de la pression du faire. D’ailleurs, toute personne dépressive sait qu’elle a tous les maux à faire, même les plus basiques des gestes quotidiens.

Coupée de tous mes faire, j’avais deux options :

1) m’ôter la vie devenue inutile (mais l’idée de laisser deux adorables petits orphelins que j’aime plus que moi-même m’a sauvée)

ou 2) me reconstruire, mais dans quelle dimension ?!

Dans l’être (je remercie l’ami qui m’a fait connaître alors cette possibilité).

Je le sais maintenant avec le recul de l’expérience que nous n’avons que ces deux options : faire et-ou être, mais à l’époque c’était le brouillard total sur ce nouveau chemin inconnu de mes « éducateurs » et de moi par voie de conséquence.

Le « je suis » a ceci de merveilleux que nous ne sommes plus jamais seuls-es (à développer dans un prochain texte peut-être).

Il s’agit tout d’abord de fermer totalement mon regard sur l’extérieur et de le tourner à l’intérieur de moi.

Les premières fois surprennent : c’est quoi ce capharnaüm ? c’est quoi ce brouhaha ? Oh là ! on se calme là-dedans !  😉

Petit à petit, je prends conscience de ma respiration, de mon coeur qui bat sans que je n’ai rien à faire et tout à coup je l’aperçois ce vilain gamin qui fait tant de bazar : Ma Pensée ! celle qui génère jusqu’à trente mille pensées par jour ! Faut-il qu’elle en ait de l’énergie à gaspiller celle-là !  😉

Pas à pas, je deviens amie avec elle, pas à pas je souris de ses bêtises et de ses tentatives de prise de pouvoir.

– Tss, tss, ma cocotte ! Dorénavant, je suis vigilant-e ! Je ne t’autorise plus tes caprices !

Je suis

et dans cette dimension je suis l’univers tout entier.

(Merci Maria, avec toute ma tendresse)

Namasté

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