Nous reviendrons !

Tout ce qui est construit de la main de l’homme vieillit et se détériore.

Tout ce qui est du domaine de la nature perdure et reste magnifique.

Une rose fanée garde un accent nostalgique et romantique. Pour peu qu’elle soit plantée en terre, elle porte en elle la promesse d’un renouveau ; une autre rose refleurira, aussi belle et sublime !

Un bébé tout potelé, un tout petit qui vacille pour ses premiers pas, un adolescent qui mue et attire les sourires, un jeune homme magnifique dans la force de l’âge, un homme mûr aux cheveux d’argent, un patriarche têtu et solide comme un roc mais pourtant fragile comme un enfant, un ancien dont les rides trahissent toute la sagesse, l’homme est de la nature et porte en lui la beauté éternelle, à tout instant.

Même les plus belles œuvres humaines contiennent déjà les stigmates de la détérioration.

Il faut conserver les parchemins et toiles de maîtres sous atmosphère contrôlée (un soupçon d’humidité et pffft !), les plus belles sculptures s’érodent et s’effritent, le marbre solide ternit et se fissure, les cathédrales doivent faire preuve de mille réfections, les ponts et buildings un jour seront rouillés, souillés, détruits.

Partout où mon regard se pose sur les oeuvres humaines, il y a la marque du temps. Derrière la rouille, l’effondrement, je cherche la beauté du premier jour, la main qui a construit et s’est enorgueillie à la mise en place, à l’inauguration. Tel un laser effaçant les outrages du temps, je me projette dans la création d’un objet ayant eu son heure de gloire, la beauté reste en filigrane mais ne reviendra plus.

Partout où mon regard se pose sur la nature, il n’y a que beauté et immortalité : la prairie couverte de fleurs et qui semblait inerte à la fonte des neiges, l’arbre qui déploie ses feuilles au printemps comme autant de coquelicots du Petit Prince, le ruisseau qui court à sa renaissance, le nuage qui la porte, le lac qui scintille par tous les temps, la montagne majestueuse, le chaton maladroit, la bergeronnette pressée, la placide vache aux doux yeux confiants et innocents, le cheval naseaux au vent, tous me disent :

« Nous ! Nous reviendrons ! »

… et moi ? … et moi ?! ☺

CC BY-NC 4.0 Cette œuvre est sous Licence Creative Commons Internationale Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale 4.0.

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