On ne peut bien parler que de ce qu’on vit

Le premier homme à s’être brûlé a dû émettre un borborygme qui ressemblait à « ouille-ouille-ouille » ! Ensuite, il a inventé le mot « chaud » pour décrire la situation qu’il venait de vivre.

Bien intentionné, il a voulu prévenir ses congénères que le feu était « chaud ».

Ceux-ci l’ont regardé, perplexes, en se demandant ce que voulait dire « chaud ». Ils ont haussé les épaules et saisi à pleine main le tison brûlant, en hurlant  « ouille-ouille-ouille » ! pendant que notre premier homme s’agitait en répétant « chaud » ! « chaud » !

Ainsi est né le langage.

Ainsi est né la réflexion.

Ainsi est née l’expérimentation.

Ainsi est née l’étude de l’expérimentation appelée philosophie.

Le philosophe décortique une situation donnée avec ses mots de vocabulaire, avec ses perceptions, avec son savoir acquis et inné. Il essaie d’ouvrir une fenêtre dans la compréhension de ses auditeurs, avec plus ou moins de succès selon qu’il ait pleinement vécu et-ou conscientisé cette situation.

A-t-il tort ? A-t-il raison ? Il y a autant d’échelles d’appréciation qu’il y a d’humains sur terre.
Pour en revenir au mot « chaud » inventé au tout début de l’expérience humaine, ce qui nous apparaît intolérable pour nos pieds fragiles d’occidentaux pose un moindre souci à un yogi habitué à marcher pieds nus sur un tapis de braises.

De même, je vous décris ce que j’ai vécu et assimilé de ma propre expérience, avec mes mots à moi. Mais de quel droit vous agresserais-je en vous certifiant que je détiens la science infuse ? Que moi seule ai raison ? Que vous devez absolument rejoindre mon point de vue ?

Si chacun se ralliait à son propre vécu, à son propre ressenti en se faisant confiance, combien les rapports humains s’en trouveraient améliorés ?!

Mais ainsi est la nature : pour chaque meute, il faut un chef de meute, pour chaque troupeau, il faut un berger.

Combien s’égarent dans la grande école de la vie ? Combien se heurtent aux murs d’une prison qu’ils ont construite eux-mêmes en prenant pour argent comptant ce qui leur apparaissait comme une vérité absolue ?

Changer son regard sur l’autre en (re)découvrant que ses vérités n’appartiennent qu’à son seul chemin de vie revient à l’accepter tel qu’il est.

Probablement qu’avec la même « distribution de cartes » nous aurions joué le même jeu.
Ce que j’accepte pour toi, accepte-le pour moi, rends-moi ma liberté d’être.

Bien sûr, si je risque un faux pas, signale-le moi, sans contrainte, sans attente. Peut-être t’écouterai-je, peut-être que non, car j’avais besoin de ce faux pas pour apprendre ce que voulait dire « chaud ».

Laisse-moi être qui je suis, comme je te laisse être qui tu es.

Je garde ma liberté de m’éloigner de toi si ton expérience s’éloigne de mon expérience, sans animosité, sans colère, centrés que nous sommes toi et moi dans cette situation qui porte le nom de « tolérance ».

L’attirance des affinités me conduira vers d’autres merveilleuses rencontres.
ps : surtout ne prenez pas ces paroles pour « argent comptant » !

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