Pow-Wow Oranans 2013

J’écoute Esteban nous parler de la condition des indiens, dans le cadre du Pow-Wow à Ornans. (Un pow-wow est un rassemblement d’Indiens d’Amérique du Nord).

Il raconte l’histoire du peuple premier d’Amérique et de leur extermination quasi totale par les colons.

Certains, comme Esteban, ont toujours habité en ville. Son père, revenu de la guerre de 39-45 à laquelle il a activement participé, a renoncé à sa culture pour l’intégration de ses fils dans le monde dit « civilisé ». Esteban est premier assistant au bloc opératoire depuis plus de 36 ans mais n’en a pas pour autant renié ses racines.

Il raconte toutes les interdictions d’être qui ils sont par les colons, l’obligation de vivre selon leurs règles et de croire en leur dieu. Le mot « camp de concentration » est lancé par un auditeur.

Les hommes dans les réserves indiennes ont une espérance de vie de 50 ans. Ils sont sous la tutelle de l’état, n’ont pas accès à un travail et dépensent la mince aide sociale en alcool, qui est un véritable fléau. Les jeunes sont les plus touchés, qui n’ont aucun espoir d’avenir.
Les maladies de la civilisation telles que obésité, sédentarité, oisiveté, dépendance à l’alcool et aux drogues, grignotent sans ménagement ces hommes fiers et libres comme le vent, mais dans leur cœur seulement.

Esteban évoque un génocide et appelle à l’aide*. Soudain, il se lève et gronde son nom véritable : Roy Two Bears (Roy deux ours). Deux ours, parce qu’il a traversé deux guerres : il est né en 1945 et est revenu du Vietnam avec des cauchemars quotidiens.

*  : oui mais comment !?

Il élève ses fils dans le respect de leurs ancêtres et donne le mot clé de leur survie : éducation !

La seconde conférence est donnée par Denis Yellow Thunder, responsable des gardes forestiers indiens et des hectares de forêt sur le territoire indien. Il parle de son combat contre la déforestation et de la survie de l’arbre sacré : le grand cotonnier, qui prend vingt à trente ans pour grandir à maturité et est absolument nécessaire pour tous les rituels.

Leur terre est transformée en Emmental géant, par 2500 trous (sorte de puits) creusés pour l’exploitation de l’uranium. 5000 autres sont prévus, sans aucune considération écologique, archéologique ou sociale : les ouvriers viennent du Canada, les privant ainsi et aussi de la fierté d’avoir un emploi.

L’eau sacrée est polluée par l’uranium et les enfants naissent avec des malformations car ils n’ont d’autre choix que de boire cette eau.

L’énoncé de toutes ces catastrophes fait vibrer mon cœur de petite sœur humaine. Pourquoi ? Quel est le message ? Que peut-on faire contre la cupidité, la stupidité ?

Une idée me vient derrière mon rideau de larmes : « the mind is free ! », l’esprit est libre, toujours, en toutes circonstances.

Je regarde autour de moi et j’y vois les mêmes problèmes, en France, mais aussi en Afrique, en Amérique latine, en Grèce… etc. Le taux de chômage augmente, les terres agricoles sont séquestrées pour la production d’éthanol ou de palmiers à huile, l’eau de la Loue est polluée, et combien d’autres sources partout dans le monde ? Les gens de tout âge se font piéger dans des dépendances : drogues ou médicaments, cigarettes, alcool, mais aussi télévision, téléphones portables (n’est-ce pas monsieur mon voisin de conférence, 60 ans environ, qui jouez avec le vôtre depuis une heure ? Une seule parole de ces deux hommes merveilleux a-t-elle atteint votre cerveau ou votre cœur?!)

Mais qui va ouvrir les yeux ? Qui va voir qu’on nous soumet, qu’on nous attriste et nous effraie pour mieux nous asservir, nous assujettir ? Qui est ce on aux sinistres desseins, assez bête pour couper la branche sur laquelle il est assis, comme nous tous ?

Qui va ouvrir les yeux, reprendre les rênes de sa vie et s’ébrouer comme un jeune poulain qui se sait déjà pur-sang et indomptable ?

La terre est magnifique, la nature est notre mère nourricière, à tous sans exception, la vie est un don sacré qu’il faut respecter : celle des autres, mais la nôtre avant tout.

L’énergie qui se dégage des danseurs du Pow-wow me donne foi en l’avenir. Leur joie de vivre, malgré tout, leur désir de partager, les couleurs des costumes qui explosent disent le chemin :

– mes frères, mes frères, hommes de toutes « races *» notre âme est libre ! Ce sont eux les prisonniers ! Ils sont prisonniers de l’avidité, du pouvoir, du désir de posséder, de la peur de perdre. Leur vie est un enfer ! Moi je n’ai besoin que du soleil et de la pluie, de l’amour dans mon cœur, et de la joie de me sentir « une » avec vous, frères humains. Vous qui avez tant de joie à partager. C’est cela la liberté : joie et amour. Ouvrons ! Ouvrons notre cœur à l’amour et à la joie, apprenons l’essentiel aux enfants ! Je n’ai que ce moyen pour changer l’énergie du monde. C’est Gandhi qui a raison : « soyons le changement que nous voulons voir dans le monde ».

Une honorable dame âgée Apache termine sur ces mots :
« moins de technologie, plus d’humanité ! »

*mot supprimé de la législation française depuis quinze jours. Belle hypocrisie !

« L’abus de bonne humeur est bon pour la santé !   »

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