Vis chaque jour comme si c’était le premier

Dirige ta première pensée en ouvrant les yeux chaque matin sur tes sensations :

– Je suis bien au chaud sous ma couette. Les draps sentent bon la lessive. Chaque parcelle de mon corps est détendue. Si je sens une crispation dans mes épaules ou mon estomac, j’induis le mouvement pour la relâcher : tout simplement, je laisse tomber mes trapèzes dans le matelas ou j’inspire doucement jusqu’au nœud dans mon estomac afin qu’il puisse s’en libérer.

Je commence cette journée comme la rose du Petit Prince. Elle s’est préparée longtemps avant d’éclore dans sa magnificence, avec toutefois des exigences et l’innocence parfaite de son éphémérité.

Chacun de mes gestes est nouveau. Ces pantoufles éculées ont été neuves et j’ai ressenti un grand confort les premières fois où je les ai portées. Je vais rechercher cette sensation en les chaussant.

Le poids de l’habitude retire rapidement toute magie à chaque chose, à chaque situation. Pour cette raison, il y a des acheteurs compulsifs, des boulimiques, des infidèles. Toujours, il leur faut l’attrait de la nouveauté, car ils oublient très vite cette toute première fois qui existe en tout et que nous nous appliquons aujourd’hui à retrouver.

Le fil rouge de ma journée continue ainsi. Quel bonheur de me rendre au cabinet de toilettes et de ne pas devoir sortir au froid dans « la cabane au fond du jardin »  😉 . Quel bonheur d’ouvrir le robinet de me laver les mains à l’eau potable.

La première gorgée ou bouchée de mon petit déjeuner a un goût divin. Je m’applique à la retrouver à la deuxième gorgée, puis à la troisième et ainsi de suite.

J’accorde la même attention à chaque pièce de mes vêtements qui couvriront mon corps aujourd’hui.

Au fond de ma poche, j’entends le cliquetis de ma monnaie pour mon ticket de métro ou les clés de ma voiture. Quelle chance ! Je me rends à mon travail (car j’ai un travail) dans ma voiture (car j’ai une voiture).

Je regarde les premières personnes que je croise avec bienveillance et un sourire intérieur. Sans qu’aucun signe de joie extérieure ne transparaisse, ces personnes ressentiront ma quiétude et seront transformées à leur tour.

Je regarde ce collègue qui me rase depuis des lustres avec un œil neuf : qu’a-t-il vécu qui le rende si aigri ? Ai-je à apprendre quelque chose ? À me protéger ? À m’en éloigner ? À ne pas le porter ? Me renvoie-t-il à ma problématique ?

Sans trop m’attarder sur la réponse, je m’applique à ne pas perdre mon fil rouge. Je reviendrai plus tard sur le sujet X quand j’aurai acquis le calme absolu pour sortir de mes émotions et analyser la problématique de ce minuscule conflit (aux yeux de l’univers, il est même plus petit que microscopique) avec le recul et la hauteur nécessaire à l’objectivité.

J’entame mon travail avec gratitude, quel qu’il soit, car il a son utilité que je ne peux appréhender dans sa globalité.

« Il faut que ton travail soit de l’amour rendu visible » me disait mon père. Essaye d’appliquer cette règle à tout ce que tu fais, tu verras la magie en sortir.

Toute ma journée, je visualise mon fil rouge et fixe mon attention à ne pas le lâcher.

Si je le lâche, c’est qu’une émotion m’a happé-e. Je n’en fais pas de cas, j’en prends juste conscience et reviens doucement à ma ligne de conduite choisie sciemment.

Ma dernière pensée de la journée reste dans cette lignée de gratitude.

J’ai passé ma journée fixé-e sur le moment présent, le seul, le vrai, l’unique Réalité de ma Vie : le passé est derrière et ne peut être changé. Le futur est hypothétique et aléatoire et je ne peux qu’en imaginer une infime partie, supposition qui ne se réalisera peut-être même pas.

Inutile d’investir le moindre centime dans des jeux de rôles informatiques : ma vie est un jeu de rôles extraordinaire, mais avant aujourd’hui je ne le savais pas.

Ouf ! Il était temps !

Car un jour, ce premier jour du reste de ma vie sera le dernier et sans cette première prise de conscience, j’aurais pu perdre tous ceux encore à venir.

Namasté

CC BY-NC 4.0 Cette œuvre est sous Licence Creative Commons Internationale Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale 4.0.

2 réflexions sur « Vis chaque jour comme si c’était le premier »

  1. ALEXANDRA Bajrami

    Trop bien, je suis gâtée par la vie et j’ai tendance à trouver ça normal et acquis… je vais aussi suivre mon fils rougeJ’ai bien aimé « la cabane au fond du jardin »

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  2. Phil

    Merci pour cette philosophie facile à écouter, à entendre et à mettre en pratique au quotidien. En fait, j’avais déjà eu ce sentiment de reconnaissance ce matin au réveil en me disant : regarde, il fait beau, tu vois le soleil se lever derrière ta fenêtre, tu es au chaud sous la couette et tu admire la montagne derrière chez toi ave ace beau ciel qui va dominer ta journée, alors ne pense pas à tout ce que tu as à faire aujourd’hui mais respire calmement et apprécie, vis la vie.

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