Et moi, Myosotis 1), ne m’oubliez pas !

Nous sommes tous des myosotis : d’autres personnes pensent à nous, mais nous, nous nous oublions.

Depuis la plus tendre enfance, tout nous pousse vers l’extérieur : jouer, partager, échanger, aller vers, apprendre dans les livres, regarder hors, se remplir de constructions historiques, culturelles, familiales.

A quel moment apprenons-nous à être ?!

Je prends pour mienne la pensée que l’on m’enseigne.

Je me nourris d’images et d’informations médiatiques, d’opinions toutes faites. Je me laisse conduire sur des rails bien précis.

Avec ce bagage altruiste qui peut paraître noble, je cours aider l’autre, les autres.

Le grand creux qui existe en moi se remplit de multiples souffrances humaines jusqu’à ce qu’un jour j’étouffe. Mon corps agite des multiples sonnettes d’alarme que mon médecin, ravit de l’aubaine de me soulager, s’empresse de masquer à coup (à coût?) de chimie.

J’ai souvent regretté que le pays qui a pris en charge mon éducation n’ait pas dans son système des cours de philosophie. Quelle chance pour moi! Pas de formatage pré-établi ! Pas de pensées acquises !

Si, modestement, je crois avancer sur le chemin de la sagesse, c’est à la seule force de mes ressentis.

Combien d’années m’aura-t-il fallu, combien de maux et de souffrance, pour enfin commencer à comprendre que je devais d’abord me construire moi ?!

Pendant les sept premières années de ma vie, j’ai observé l’agitation autour de moi, uniquement centrée sur le pouce qui, par le biais de ma bouche, me comblait de douceur.

Puis j’ai lâché cette valve car il fallait mes deux mains pour rejoindre le monde.

Personne ne m’a appris que le trésor se trouvait en moi, car personne ne le savait autour de moi.

La question, sans réponse, que je me pose aujourd’hui est : y a-t-il une grande instance cachée quelque part à qui profite mon ignorance ?

Peut-être que oui, ou peut-être que non.

C’est une chance extraordinaire de se mettre en chemin et de trouver seul-e ce trésor.

Bien sûr, il y a eu des grands prophètes qui ont essayé de nous expliquer. Bien sûr, il y a eu des grands manipulateurs pour essayer de nous fourvoyer.

Il y a une multitude d’humains qui m’ont donné et qui me donnent encore les codes de ce qu’ils ont compris et je les remercie. Ce sont leurs codes, acquis de leurs expériences, leurs enseignements reçus. Ce sont leurs ressentis.

Mais je suis toujours mon propre « Myosotis » quand je m’oublie.

Le chaud, le sucré, le salé, l’amer, n’a de valeur que parce que je l’expérimente.

La joie, la quiétude, la sérénité, n’a de sens que si je cherche à l’expérimenter. Elle prend toute sa puissance en moi quand ce joli petit moi bleu ciel comprend enfin que je n’ai pas à m’oublier.

C’est en moi que se trouvent toutes les valeurs.

Le trésor n’est pas caché, c’est mon regard qui se trompait de direction : je regardais dehors, alors qu’il fallait regarder dedans2) 🙂 .

1) Dans le langage des fleurs, le myosotis signifie : ne m’oubliez pas.
2) Pose tes écouteurs et tes écrans, pauvre petit-e d’humains modernes et ressens 🙂

CC BY-NC 4.0 Cette œuvre est sous Licence Creative Commons Internationale Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale 4.0.

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