J’attends

Mur nord : j’attends que mon-ma partenaire change.

Mur est : j’attends que mes amis-es m’appellent.

Mur sud : j’attends que mon patron, mes collègues reconnaissent mes aptitudes.

Mur ouest : j’attends que mes enfants me respectent, moi, leur supérieur-e (cqfd).

Plafond  : j’attends des preuves concrètes de l’existence de cette prétendue Énergie Supérieure nommée Dieu (ou autre selon la culture).

Sol : j’attends que l’état me verse les aides auxquelles j’ai droit, j’attends d’hériter, de gagner à la loterie.

J’attends qu’Ebola frappe à la porte de mon voisin … et voilà une jolie paillasse où je peux me recroqueviller, mort-e de peur, déjà en état de profonde dépression.

Bien sûr, je peux casser une petite ouverture pour avoir un peu d’air et de lumière, mais la hauteur et les barreaux m’empêchent de regarder le ciel.

Voilà comment j’ai construit, seul-e, la structure de ma prison.

A TOUT attendre, j’oublie de vivre MA vie.

Et si, pierre par pierre, mur par mur, je la détruisais cette prison ?

Mon-ma chéri-e, en le-la choisissant, j’avais déjà acquis que le prince-la princesse charmant-e de mon enfance était un mythe du même ordre que le Père Noël, en qui j’ai cessé de croire vers sept-huit ans 😉 .

Les qualités de mon amoureux-se seraient monotones s’il-elle n’avait quelques défauts, non ? Et moi, suis-je si parfait-e que cela ?

Mes amis ont leurs soucis, leurs stress, leurs obligations. En aucun cas l’obligation de me porter. Si je veux les voir ou les entendre, je fais un signe.

Mon travail, je l’exécute au plus près de ma conscience, nul n’est tenu à l’impossible.

Je sais bien que si moi je commande un travail, il ne sera jamais rendu comme moi j’aurais pu parfaitement le faire ! Mon vis-à-vis est dans le même jugement : rien n’est aussi bien fait à mes yeux, que ce que je fais !

Je me suis sacrifié-e pour mes enfants, j’ai sué sang et eau, pour quelle reconnaissance ?

Ils sont à l’autre bout de la planète à vivre leur vie et ont oublié jusqu’à ma date de naissance. Pff ! Quels ingrats ! Je n’ai jamais su leur dire « je t’aime », mais ils auraient pu le deviner ! (La nature m’apprend qu’une éducation réussie, c’est quand les enfants deviennent parfaitement autonomes, et si je m’en réjouissais et le leur disait ?!).

Quant à Dieu, parlons-en ! Mes prières n’aboutissent jamais.

Pourtant, je verse à la quête, je brûle des cierges. Je suis entouré-e d’imbéciles qui ne prient jamais et ont l’air tellement plus heureux que moi !

Mais qu’est-ce que je lui ai fait à Dieu pour qu’il m’ignore ?! Existe-t-il seulement ?! (la grâce ne s’achète pas, mes jugements m’éloignent de l’éveil).

Et puis, tout le monde profite du social, des assureurs, pourquoi pas moi ?

Pourquoi aller travailler alors que je peux gagner les trois quarts d’un salaire sans bouger le petit doigt ? Mes parents vont me laisser un joli petit pactole, je pourrai partir en vacances. Je dirai que j’ai cassé l’appareil photo de mon copain, l’assurance m’en paiera un tout neuf ! C’est quoi déjà, l’abus de biens sociaux ?

Je vois bien qu’Ebola gagne du terrain : un cas suspecté à New York, alors qu’il y a huit millions et demi d’habitants dans cette ville, ça arrive, ça arrive ! Heureusement que les laboratoires pharmaceutiques vont me fournir gratuitement un vaccin ! Et contre la peur, existe-t-il un vaccin ?!

STOP ! De l’air !

Une grande bouffée d’oxygène !

Je me fais confiance ! Je fais confiance !

J’installe la paix dans mon cœur, l’amour ressenti me revient au centuple.

Mes peurs sont le reflet des messages qu’on veut bien me donner : les « il faut », qui m’enferment comme un lasso.

Moi seul-e sait ce qui me convient.

J’apprends à respirer, à me détendre, à me faire confiance.

Mes doutes me coupent de toute intuition, mes peurs me rendent malade et les attentes me coupent de mon présent.

Je n’attends plus pour être heureux-se maintenant ! Là ! Tout de suite !

Je vis ma vie, je ne peux en vivre une autre, ni en changer.

Elle est parfaite parce qu’elle est la conséquence de mes choix.

S’il y a quelque chose à améliorer, j’ai le choix de le faire, toujours. J’ai deux bras, deux jambes et ma volonté.

En me changeant moi, c’est tout mon univers qui change.

J’ai aussi la liberté de ne jamais essayer, parce que ma prison, je la connais, elle me rassure …

Namasté

CC BY-NC 4.0 Cette œuvre est sous Licence Creative Commons Internationale Attribution-Pas d'Utilisation Commerciale 4.0.

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