La Chine produit des Chinois, l’Angleterre des Anglais

(Si la Chine produit des Chinois et l’Angleterre des Anglais, il doit bien y avoir quelque raison) * 1)

Même si la tolérance est la base essentielle et incontournable de la paix, il est utopique de penser pouvoir gommer toutes les différences par la simple volonté, voire une volonté extérieure prétendue supérieure.

Depuis moult générations, nos cellules portent en elles les mémoires ancestrales de nos ascendants.

Quel que soit l’endroit du monde où nous naissons, nos premières stimulations sont celles de notre culture familiale.

Les premiers sons émis par les bébés occidentaux sont souvent (mais ce n’est pas une règle absolue) les « areu » entendus et reconnus par une majorité d’adultes attendris. Les bébés asiatiques produisent une autre mélodie. Il serait intéressant de comparer cette toute première vocalisation des petits de toutes les nations.

Les mamans apprennent involontairement à l’enfant, déjà in-utéro, les saveurs de ce qu’elle ingère, les sons des musiques qu’elles écoutent ; les odeurs imprègnent leurs sens de sentiments que l’enfant perçoit ; les intonations de la langue maternelle parviennent au cerveau du fœtus, puis du bébé, alors que ses circuits neuronaux sont en pleine construction.

Mis au monde, l’enfant est pénétré par son histoire familiale et nationale. Ses pensées sont conditionnées par ses parents, ses proches, ses enseignants et tout un mode culturel aussi vaste qu’il y a d’humains sur terre.

Convaincu que « son » mode culturel est le seul juste, le dictateur conduit par la parole au génocide. 2)

Effrayant et subjuguant pouvoir de la parole ! 3)

Qui n’a pas eu une petite montée d’émotion en entendant l’hymne national qui lui est propre (environ trois minutes d’une mélodie composée par un seul être et choisie par des millions) ou n’est pas fier-ère des couleurs de son drapeau, prêt-e à les défendre en une seconde ?

Un ou deux stimuli et nous voilà proches d’une transe collective produite par la programmation lointaine de notre cerveau. L’aspect positif du revers de cette médaille, et j’en suis à peu près convaincue, c’est que pendant l’écoute de ces notes de musique, nous parvenons, plus ou moins, enfin !  à interdire la progression de notre pensée.

Les multiculturels-elles (et j’en suis pour trois nations) vibrent à chacune des stimulations qui lui sont propres autant de fois qu’il y a de « racines ». Pour ma part, peut-être avec moins de passion car je suis une femme … ! et ma priorité génétique est ma cellule familiale avant la nationale.

J’énonce volontairement ma différence de genre afin de faire monter au créneau certains persuadés de pouvoir faire fi de nos différences naturelles et génétiques.

Culture et nature, il suffit de s’intéresser un tant soit peu au fonctionnement des deux lobes de notre cerveau, perçu comme l’ordinateur central et décideur incontournable de ma petite personne, pour comprendre que nos différences sont une richesse et non pas une tare !

* Salvador de Madariaga :
1) Préface de « Anglais, Français, Espagnols » Gallimard, Paris, 1930
Conclusion du même livre de M. De Madariaga : « La variété admirable des caractères nationaux dont le monde fait preuve est l’une des manifestations de la richesse spirituelle de la Création. Comme donc, les hommes doivent au Créateur de la respecter en tant que spectacle, ils se doivent à eux-mêmes d’en jouir avec intelligence. »
2) « Le langage fut donné aux hommes, comme on l’a dit, pour mentir »
Lucien Israël « Cerveau droit Cerveau gauche » Plon – 1995
3) « Le verbe contre la barbarie – Apprendre à nos enfants à vivre ensemble »
Alain Bentolila – Odile Jacob – 2007

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