La Vie ne peut rien sans moi

Depuis mon premier souffle, j’ai été confié-e à un, voire deux adultes, mes parents de préférence, et pour cause ☺

Mes parents, toujours très présents, ont donné carte blanche à l’autorité scolaire pour farcir ma jolie petite tête de toute une kyrielle d’informations plus ou moins utiles.

De la supposition de l’apparition de la vie il y a des millions d’années à une ribambelle d’équations algébriques, tout a une utilité paraît-il : s’il est peu probable que je croise un jour un dinosaure ou que je devienne physicien à la Nasa, le formatage de ma pensée va me permettre un certain mode de fonctionnement (moteur bien huilé ?☺)

La vie pousse, vaille que vaille. Mes parents perdent, un peu, de leur pouvoir, pour céder la place à un employeur ou-et à un-e conjoint-e.

Comme je me sens un peu à l’étroit dans ces baskets imposées, mon corps va commencer à manifester son mécontentement par des petits maux, puis par des plus grands.

Je vais m’empresser de déposer mes misères dans les mains d’un médecin bien intentionné, voire de plusieurs si un seul ne veut pas de mon sac à dos.

Dans l’attente de la solution miracle, j’attends un signe de mes amis, une parole de mon amoureux-euse, un acte de mes enfants, un enseignement de mon maître spirituel, un emploi de l’organisme référent, j’attends, j’attends, j’attends.

Les jours passent, les semaines, les mois puis les années. Ma vie passe ; je l’ai passée à attendre des solutions extérieures.

Mais qui mieux que moi sait ce qu’il me convient ?

Je me mets en route pour trouver mes solutions. Brique par brique, je vide mon sac à dos. Je remercie mes parents de m’avoir donné ma vie : c’est la mienne, elle a commencé à mon premier souffle. Dès l’âge de raison, c’est à moi d’en prendre soin. J’en assume l’entière responsabilité, quels que soient mes choix. Elle et moi ne faisons qu’un, jusqu’à ce dernier soupir où l’un s’en ira dans la matière et l’autre dans les limbes.

Mes professeurs m’ont enseigné le meilleur d’eux-mêmes, mus par leur volonté propre et le respect du système qui les nourrit : un pourcentage de personnalité pour un pourcentage de chemins dictés, en recherche d’équilibre, ni trop, ni trop peu. Ma mémoire en est imprégnée, mon envie m’a poussé-e dans le dos.

Mon premier employeur m’a mis-e sur des rails dont je peine à sortir : peur ? paresse ? satisfaction ? qu’importe, ce choix-là aussi m’appartient ; jusqu’à un événement imprévu, peut-être, qui m’oblige à bifurquer. Toute une remise en question qui peut déboucher sur d’heureuses surprises parfois.

Mon-ma conjoint-e perd relativement vite son statut de prince-esse charmant-e. Sous son habit de conte de fée apparaît un humain, avec ses forces et ses faiblesses. Quelle image me renvoie-t-il(elle) ? Quel merveilleux enseignement ce miroir cherche à me faire comprendre ?
A ce stade de mon histoire, je peux sauter l’option :

– Docteur ! Sauvez-moi d’une pilule miracle !

J’ai à me regarder en toute objectivité, sans jugement et sans complaisance non plus, mais avec beaucoup d’amour et de tendresse pour le-la néophyte que je suis.

Je peux trouver des panneaux signalétiques, des aides providentielles, des précurseurs éclairés ; mais moi seul-e doit expérimenter. Ce que je ne vis pas dans mes cellules reste la compréhension de l’autre.

Une chandelle s’allume, une fenêtre s’ouvre, un mur tombe.

Je n’attends plus de mes parents, je les sers contre mon cœur. Je n’attends plus de mes amis, je me réjouis d’une rencontre. Je dis à mon amoureux-euse que je l’aime, tel-le qu’il(elle) est. Je n’attends plus qu’il(elle) change pour me plaire, ce serait fausser mon miroir. Mes enfants embrasent ma joie : leurs battements d’ailes de goéland présagent des meilleurs augures. Mon employeur, mon employé ou mon collègue devient mon complice. S’il est « boulet », je me pose les bonnes questions et écoute mes intuitions, miroir ou détonateur ? Je sors du « ce n’est pas moi, c’est l’autre ! ».

Je regarde alors mon maître spirituel, les yeux dans les yeux …
… et je lui souris ☺

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